Darius III (Vers -380 à -330)

DARIUS III


Chronologie

-400 à -350
Vers -380, Atarshata, dont le nom signifie littéralement plein du bonheur de la vérité, naît. Il est le fils de Arsanès et sa sœur Sisygambis, neveu et nièce du roi Artaxerxès II et donc deux membres d'une branche collatérale de la famille achéménide (HC76).

Entre -380 et -336, l'enfance et la jeunesse de Atarshata sont inconnues. Cependant, il épouse sa soeur Stateira et se fait aussi remarquer par son courage lors d'une campagne contre les Cadusiens, dans le nord-ouest de l'actuel Iran, ce qui lui vaut d'être choisi comme hériter du trône par l'eunuque Bagoas qui voit en lui un membre apprécié de l'aristocratie perse, et d'être nommé satrape des Arméniens (HC76).

-350 à -300
En -336, grâce aux complots de palais de l'eunuque Bagoas et grâce aux assassinats successifs d'Artaxerxès III et de son fils Artaxerxès IV, Artashata, à l'âge de 44 ans, monte sur le trône de Perse et devient le nouveau Grand Roi, sous le nom de Darius III. Selon la tradition perse, le Grand Roi est un monarque cosmique dont le couronnement inaugure une époque renouvelée de justice et de prospérité pour l'Empire. Il est la plus haute autorité religieuse, le représentant du dieu Ahura Mazda et le protégé du dieu Mithra. Par la suite, l'une des premières actions qu'il entrend après son couronnement est d'ordonner l'assassinat de Bagoas. En cette année là, les palais perses détiennent 235.000 talents, soit 6.110 tonnes, d'or et d'argent (HC76).

En -333, en novembre, Darius III affronte Alexandre le Grand à Issos (HC76, LM), en Cilicie, dans le sud de l'actuelle Turquie (LM). Darius III se rend à Issos avec sa mère Sisygambis, son épouse et sœur Stateira, son fils Ochos et de deux de ses filles, Stateira et Drypétis. En effet, les rois achéménides voyagent en compagnie d'une suite importante, y compris pendant la guerre, une coutume probablement issue du passé nomade des perses. Ils emmènent la cour, avec ses tentes et ses trésors, et les familles de la noblesse servent notamment d'otages pour éviter toute tentation d'usurper le pouvoir lorsque le roi n'est pas présent dans une capitale du royaume. Selon l'historien romain Quinte-Curce, Darius III arrive à Issos accompagné d'une image du Soleil, probablement une allégorie de Mithra, du feu sacré, symbole de la fortune du roi et de l'Empire, des chevaux blancs qui tirent le char d'Ahura Mazda et dans lequel voyage le souverain, d'une centaine de chars contenant les richesses du roi, les chants liturgiques et patriotiques des mages, c'est-à-dire les prêtres de la religion perse, et avec 365 jeunes gens vêtus de pourpre, un nombre qui est aussi celui des concubines du roi et est lié au caractère sacré du calendrier perse. Darius III choisit la plaine d'Issos car il pense que sur ce terrain, l'armée achéménide et sa cavalerie peuvent se déplacer sans difficultés. Charidème, un général athénien, semble être le général idéal pour commander les troupes perses, mais cela entraîne la jalousie des amis de Darius III qui accusent Charidème de vouloir remettre l'Empire perse aux Macédoniens. Charidème reproche alors aux Perses leur manque de courage, ce qui irrite Darius III qui ordonne son exécution. Darius III prend alors lui-même le commandement des opérations. Mais il s'aperçoit que la plaine d'Issos est trop étroite pour déployer toute son armée composée d'environ 90.000 hommes dont 30.000 sont des mercenaires grecs, et notamment sa cavalerie et les chars à faux. Finalement, bien que l'issue de l'affrontement soit indécise, le roi perse précipite la défaite de ses troupes en abandonnant le champ de bataille. Il abandonne les insignes du pouvoir, ses soldats et sa propre famille, qui est alors faite prisonnière par Alexandre le Grand. Au cours de la même année, une tablette astronomique babylonienne est réalisée et indique que Darius III se nomme Atarshata et qu'il s'est emparé du trône grâce aux complots de palais de l'eunuque Bagoas et grâce aux assassinats successifs d'Artaxerxès III et de son fils Artaxerxès IV. Suite à la bataille d'Issos, Alexandre le Grand s'empare de la Phénicie et de l'Egypte, ce qui laisse le temps à Darius III  de rassembler une nouvelle armée (HC76).

En -331 (HC76, LM), le 1 (LM) octobre (HC76, LM), Darius III et Alexandre le Grand se retrouvent à Gaugamèles (HC76, LM), près de l'actuelle Mossoul, en Irak (HC76). Située près d'Arbelès, qui est l'actuelle Erbil et l'ancienne capitale assyrienne, Darius III fait aménager la plaine pour le combat (LM). Darius III concentre son armée de 250.000 soldats, recrutés dans les satrapies de l'est de l'actuelle Iran et en Bactriane, dans l'actuelle Afghanistan. Darius III s'enfuit en pleine bataille (HC76) et l'armée achéménide est vaincue (LM). Par la suite, Darius III marche vers le nord-ouest avec ses hommes de confiance, dont 4.000 mercenaires grecs, pour recruter une nouvelle armée. Mais sa position politique est très affaiblie. Ses généraux organisent un complot et le font prisonnier (HC76).

En -330, en mai, Alexandre le Grand incendie les palais de Persépolis et se présente comme le successeur légitime de Darius III (HC76). En juillet, Darius III meurt (HC76, LM). Près d'Hécatompyles, une ville de la satrapie de Parthie, à 300km de l'actuel Téhéran, Darius III est assassiné par Satibarzanès et Barsaentès, des nobles perses qui agissent à l'instigation de Bessos, un parent du Grand Roi et satrape de Bactriane. Selon certaines sources, un soldat macédonien, Polistratus, trouve le roi mourant sur un modeste char et lui offre de l'eau. Selon d'autres sources, Alexandre le Grand voit Darius III vivant et celui-ci lui demande de venger sa mort. Alexandre le Grand ordonne le transfert du corps pour l'enterrer dans la nécropole de Naqsh-i Roustem, située à un peu plus de 500m au sud de Persépolis. Enfin, Plutarque dit qu'Alexandre le Grand envoie le corps de Darius III à Suse avec sa mère, Sisygambis (HC76).


Sources de l'article

HC76 : Manel Garcia Sanchez, Université de Barcelone. Darius III, le meilleur ennemi d'Alexandre. Histoire & Civilisations 76, Octobre 2021.
LM : Bertrand Lafon, Aline Tenu, Francis Joannès, Philippe Clancier, Joël Cornette (dir.). La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2017.


Bibliographie

B. Rondeau. Alexandre vs Darius, la bataille de Gaugamèles. Ysec, 2021.