Sanche-Ramirez (1063 à 1094)

SANCHE-RAMIREZ


Chronologie

1050 à 1100
En 1063, suite à la mort de Ramire I à la bataille d'el Gado, Sanche-Ramirez devient roi d'Aragon, qui est alors un minuscule royaume pyrénéen. Au cours de l'année, il approuve les décisions d'un concile tenu à Jaca en vue de réorganiser son diocèse. Peu après, il restaure celui de Roda. Au cours de cette même année, suite au décès de Ramire I, le pape Alexandre II décide d'appeler des chevaliers à intervenir pour venger la mort du roi d'Aragon. Il invite ainsi les chevaliers d'Occident à voler au secours de l'Aragon et accorde une indulgence plénière à ceux qui participeront à l'expédition. Deux armées se forment pour attaquer Barbastro. La première est catalane, sous la direction du comte Urgel qui bénéficie de l'apport de contingents venus d'Italie. La seconde est rassemblée par Guillaume VIII, duc d'Aquitaine, qui reçoit en renfort des chevaliers normands, flamands, champenois, bourguignons, car les grandes familles seigneuriales de langue d'oïl sont en étroite relation avec Cluny (IPP).

En 1064, l'armée de Guillaume VIII (IPP), dont fait partie Centulle V, vicomte de Béarn, (VBS), traverse les Pyrénées par le Somport et retrouve la deuxième armée, dirigée par le comte Urgel, devant Barbastro dont le siège commence en juin. Privée d'eau, la garnison capitule en juillet et les chevaliers chrétiens se livrent à de terribles excès n'épargnant que les femmes et les jeunes filles. Les principaux seigneurs venus d'au-delà des Pyrénées se retirent, laissant ceux qui cherchent à faire fortune en ces lieux. La chute de Barbastro est durement ressentie par tous les reyes de taïfa des pays de l'Ebre. Mettant fin à leurs querelles, ils montent une contre-offensive (IPP).

En 1065, la garnison chrétienne de Barbastro, y compris le comte Urgel, est vaincue par la coalition des reyes de taïfa des pays de l'Ebre. Un grand nombre d'entre eux, dont le comte Urgel, trouve la mort (IPP).

En 1067, le royaume d'Aragon s'empare d'Alquezar, au débouché du Sobrarbe. Elle est alors transformée, jusqu'en 1085. La forteresse musulmane est réaménagée et consolidée, et un cloître roman dessert la collégiale (IPP).

Avant 1068, Isabelle d'Urgel, épouse de Sanche-Ramirez, décède en mettant au monde son fils, le futur Pierre I (IPP).

En 1068, dans l'idée d'ouvrir son royaume à l'occident, Sanche-Ramirez se rend à Rome. Il accepte alors de faire de l'Aragon une terre vassale de Saint-Pierre en versant à la papauté un cens. En échange, il bénéficie de l'appui constant de Rome dans toutes ses entreprises et d'une alliance matrimoniale symbolisant cette ouverture sur le monde occidental. En effet, le pape Grégoire VII fait alors épouser à Sanche-Ramirez Félicie de Roucy. Les seigneurs de Roucy étant apparentés aux principales familles nobles du bassin parisien et le frère de Félicie ayant épousé une fille de Robert Guiscard, ce normand parti à la conquête de la Sicile musulmane, l'arrivée de Félicie de Roucy contribue ainsi à élargir les horizons de l'Aragon et à faire progresser un peu plus l'idée de croisade. Par la suite, Sanche-Ramirez décide d'imposer dans son royaume tout ce que la papauté souhaite pour faire triompher la réforme grégorienne (IPP).

Avant 1070, au cours de la décennie des années 1060, Sanche-Ramirez accorde une Fuero, une charte de franchise, à Jaca (IPP).

En 1071, au niveau religieux, Sanche-Ramirez impose la liturgie romaine à la place de la liturgie tolédane, aussi appelée liturgie mozarabe (IPP).

A partir de 1072, Sanche-Ramirez adjoint à la forteresse de Loarre, construite sous Sancho el Mayor, entre 1020 et 1030, un centre monastique dont les bâtiments sont entourés par une seconde enceinte abritant également une église-forteresse construite selon toutes les règles de l'art roman (IPP).

En 1073, il est probable que Sanche-Ramirez émet des réserves sur l'expédition militaire confiée par le pape à Eble II de Roucy dans le but de se rendre dans la Péninsule ibérique et de mettre sous la souveraineté du Saint-Siège les terres reprises à l'Islam. Le projet avorte, notamment car il se heurte à l'opposition conjuguée de Navarre et de Saragosse (IPP).

En 1076, Sanche-Ramirez recueille l'essentiel de la succession en Navarre et devient aussi roi de Navarre, unifiant ainsi l'Aragon et la Navarre (IPP).

En 1080, Sanche-Ramirez invite Guillaume VIII à rebrousser chemin alors qu'il vient de décider, sans aucune concertation avec l'Aragon, de franchir les Pyrénées pour combattre l'Islam (IPP).

En 1081, le royaume d'Aragon et de Navarre s'empare de Munones, au débouché du Sobrarbe (IPP).

En 1083, le royaume d'Aragon et de Navarre s'empare d'Ayerbe, au débouché du Gallego (IPP).

En 1084, le royaume d'Aragon et de Navarre s'empare d'Arguedas, au débouche du Gallego (IPP).

En 1085, se sentant menacés par Alphonse VI, roi de Castille, les reyes de taifa demandent l'aide des Almoravides installés au Maghreb, dans l'actuel Maroc. Sanche-Ramirez, roi d'Aragon et de Navarre, envoie alors des troupes pour renforcer celles d'Alphonse VI, avec à leur tête son futur héritier Pierre (IPP).

En 1086, les troupes castillanes, soutenues par les troupes aragonaises dirigées par Pierre, affrontent les troupes almoravides à Sagrajas, à quelques kilomètres au nord de Badajoz. La bataille tourne au désastre pour les troupes chrétiennes. Les Almoravides emploient des méharis de combat qui affolent les chevaux des chrétiens tout comme les roulements des tambours de guerre rythmant l'avance des troupes d'assaut. Les Almoravides savent également manœuvrer. Pendant que leur infanterie fonce droit devant, leurs cavaliers et leurs méharis font un mouvement tournant par les ailes. Le désastre est tel qu'Alphonse VI perd l'essentiel de ses conquêtes au sud du Tage et que Tolède est un moment menacée. Mais, dans l'immédiat, les Almoravides se replient au Maghreb, dans l'actuel Maroc. Finalement, ce désastre laisse le champ libre au royaume d'Aragon dans la vallée de l'Ebre (IPP).

En 1087, le royaume d'Aragon et de Navarre s'empare de Graus, au débouché du Sobrarbe. Sanche-Ramirez s'empare également d'un piton aux portes orientales de Huesca et commence la construction d'un monastère-forteresse à laquelle il donne le nom symbolique de Montearagon. C'est alors que Sanche-Ramirez confirme sa vassalité envers Rome en s'engageant, pour lui et pour ses successeurs, à verser chaque année une somme de 500 mancusos d'or. En échange, le pape prend sous sa protection Montearagon où est construite une collégiale romane (IPP).

En 1090, Sanche-Ramirez souhaite attaquer Huesca et fait un appel pour obtenir des renforts de la part des seigneurs du nord des Pyrénées. Centulle V, vicomte de Béarn, répond à l'appel mais il est assassiné dans la vallée aragonaise de Tena, alors qu'il vient se mettre au service de Sanche-Ramirez (IPP).

En 1094, Sanche-Ramirez décède et son fils, Pierre I, monte sur le trône d'Aragon et de Navarre (IPP).

Sources de l'article

IPP : Pierre Tucoo-Chala. Quand l'Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois. Collection Terres et Hommes du Sud, J&D Editions, 1994.