Himiko (188 à 247)
HIMIKO
Chronologie
100 à 200
Entre 146 et 188, des troubles et des affrontements ravagent le pays de Wa, constitué d'une multitude de principautés (HJS).
En 188 (HJS), ou au début du IIIe siècle (HJH), la reine Himiko règne sur l'une des 100 principautés qui divisent le pays des Wa (DHJ7) et qui se battent entre eux (HJH). Cette principauté est le pays appelé Yamatai (DHJ7, DHJ20, HJS, HJH).. Au cours de cette année, la reine Himiko unit tous les pays des Wa, ou presque tous, sous son autorité, ramenant la paix dans le pays des Wa (HJS, HJH, DHJ20). Himiko est peut-être alors à la tête d'une confédération de 23 pays (HJH) ou de 30 pays (DHJ20). Le palais est constitué du pavillon de la souveraine, de tours de guet et d'une enceinte. Des soldats en armes en assurent la garde. La souveraine, servie par mille femmes, n'est visible que de peu de personnes (DHJ20). Himiko vit ainsi seule, isolée du reste de la population, comme une sorte de sorcière, seule capable par son genre de vie, séparé et préservé de toute souillure, d'entrer en relation avec des puissances supérieures, tandis que son frère transmet ses ordres ou ses oracles au peuple (HJH). Sans époux, Himiko s'en remet à son frère dans les affaires du gouvernement. Elle s'adonne à la voie des esprits et sait abuser son peuple par des illusions (DHJ7, DHJ20). Elle est peut-être, ainsi, la prêtresse d'une religion à caractère magique proche du chamanisme (DHJ7).
200 à 250
En 239 (DHJ7, DHJ20, HJH, HJS), Himiko dépêche un envoyé du nom de Nanshômai pour porter le tribut, composé d'esclaves et de tissus, au royaume chinois des Wei (DHJ7). En retour, le souverain chinois accorde à Himiko le titre de Reine des Wa amie des Wei (DHJ7, DHJ20) et lui fait remettre un sceau d'or avec cordon pourpre (DHJ7, HJH), l'emblème de la dignité ministérielle en Chine (DHJ7), et 100 miroirs (HJH).
En 243, Himiko envoie un autre ambassadeur au royaume chinois (DHJ, HJH).
En 247 (HJS), ou entre 240 et 249 (DHJ7), la reine meurt (HJS, DHJ7) alors qu'une guerre s'est déclenchée entre le pays de Yamatai et le pays de Kuna (DHJ20). Un tumulus d'une centaine de mètres de diamètre est élevé et 100 esclaves y sont ensevelis avec Himiko (HJS, DHJ7). Après la mort de Himiko, les troubles reprennent dans le pays des Wa (HJS).
Vers 280, l'historien Chen Shou écrit le Sanguo zhi, l'Histoire des trois royaumes. Il y insère le dongyi zhua, la Relation des barbares de l'est, qui inclut le Wajiden, les Annales des Wa, qui est la plus ancienne description de la moitié ouest de l'Archipel et dont la 3ème et dernière partie est axée sur la reine Himiko du Yamatai et la position tributaire du royaume des Wa vis-à-vis de la Chine (HJS).
600 à 900
Au cours de la dynastie des Tang, entre 618 et 907, le Peiche est rédigé. Il indique que la reine Himiko décède entre 240 et 249 (DHJ7).
1900 à Actuel
Dans les années 1980, plusieurs hypothèses s'affrontent sur la réalité de Himiko. Certains
en font l'impératrice Jingu, ce qui
est une impossibilité chronologique, tandis que Motoori Norinaga voit en elle un chef local de Kyushu
et que
Naitô Konan l'identifie à Yamato-hime
no mikoto. De nombreuses recherches n'ont pu aboutir à un résultat
décisif. Cependant, la thèse qui reçoit la plus
grande audience est celle selon laquelle Himiko serait Yamato totobimomoso-hime no
mikoto, la grand-tante de l'empereur légendaire Sujin (DHJ7).
Dans les années 1980 et 1990, la question sur la localisation du Yamatai reste entière. Ainsi le Yamatai pourrait se trouver dans la plaine du Yamato, dans le Kinai, et pourrait être l'ancêtre du pays appelé Yamato et attesté au Ve siècle dans cette plaine. Mais il pourrait tout aussi bien se situer dans le Kyushu. Les nombreuses recherches effectuées n'ont pu aboutir à un résultat décisif (HJH, DHJ20).
Dans les années 1990, le pays de Kuna qui affrontait le pays de Yamato lors de la mort de Himiko est supposé correspondre à la partie sud du département de Kumamoto (DHJ20).
En 2020, Gérard Siary propose que Himiko n'était peut-être pas chamane mais l'expression des idées taoïstes qui touchèrent l'Archipel à son époque. Elle offrirait plutôt, dans l'optique chinoise, fort inspirée de la doctrine taoïste du non-agir de l'école des Cinq boisseaux de riz, l'image idéalisée du sage souverain. Himiko pourrait aussi être le pendant terrestre ou l'avatar de la Reine mère d'Occident dont le mythe, taoïste, serait arriver sur l'Archipel vers 194 alors que le pays des Wa souffrait de changements climatiques qui causèrent la famine, le cannibalisme et la désaffection des divinités protectrices. En effet, sur la plupart des miroirs retrouvés dans les tombes du début de l'époque Kofun, qui débuta au milieu du IIIe siècle ou au début du IVe siècle, figurent Xiwangmu, la Reine mère d'Occident, son mari Wangdongmong, roi d'Orient, et les animaux de compagnie de la reine, comme tigres et dragons. La pratique théurgique attestée de Himiko pourrait bien marquer le rejet des divinités anciennes et le passage à un autre régime du sacré. Du nouveau culte émerge, parmi d'autres, celui d'Amaterasu, déesse tutélaire de la future maison impériale (HJS).
Sources de l'article
HJS : Gérard Siary. Histoire du Japon, des origines à nos jours. Collection Texto. Editions Tallandier, 2020, réédition 2022.
HJH : Francine Hérail. Histoire du japon, des origines à la fin de l'époque Meiji. Publications orientalises de France, 1986. Version en ligne HALSHS.
DHJ7 : Collectif. Dictionnaire historique du Japon, volume 7. Publications de la maison franco-japonaise, 1981. Version en ligne Persée.
DHJ20 : Collectif. Dictionnaire historique du Japon, volume 20. Publications de la maison franco-japonaise, 1995. Version en ligne Persée.
Sources primitives
Shou Chen. Histoire des trois royaumes. Vers 280.
Peiche. Entre VIIe et IXe siècle.