Ramire I (1035 à 1063)

RAMIRE I


Chronologie

1000 à 1050
En 1035, Ramire I devient roi d'Aragon. Cet Aragon, chrétien, n'occupe que la frange septentrionale et pyrénéenne du bassin de l'Ebre, avec le cours supérieur de ses affluents de rive gauche. Le royaume de Ramire I a pour limite méridionale la ligne des sierras extérieures que le Gallego ou le Cinca ne franchissent que par d'étroits défilés comme ceux des Mallos de Riglos. Lorsque Ramire I prend en main l'Aragon chrétien, celui-ci affirme un dynamisme certain. Les populations sont en augmentation dans les vallées d'Echo, d'Anso et près de Jaca, à la fois par suite d'un accroissement naturel et par un afflux de réfugiés venant des pays contrôlés par les musulmans. Ceci s'accompagne de la mise en exploitation de villae utilisant les moindres recoins de ces vallées avec l'aménagement de cultures en terrasses s'ajoutant à l'activité pastorale traditionnelle. De plus, l'ouverture vers le nord, avec la politique d'internationalisation et l'essor des chemins de Saint-Jacques de Compostelle voulus par Sanche le Grand, roi de Pampelune entre 1004 et 1035, entraînent un début d'intégration de l'Aragon chrétien dans les circuits commerciaux du temps. A la fin de son règne, Ramire I se dote d'une capitale, Jaca, où il installe un évêché placé sous l'autorité des archevêques d'Auch et où s'ouvre rapidement le chantier d'une des cathédrales majeures des Pyrénées. Symbole de la puissance régalienne, des ateliers monétaires sont installés dans la capitale Jaca et frappent des pièces de monnaie, la monnaie jaque (IPP).

En 1060, Ramire I prépare une première offensive d'envergure qui marquera les débuts de la Reconquista aragonaise. Il avait conforté son emprise sur le Ribagorza en nouant des alliances matrimoniales avec les Catalans du comté d'Urgel, avait verrouillé sa vallée pyrénéenne en installant des châteaux-forts à Abizanda et à Samitier. Son objectif est de permettre à l'Aragon de déboucher dans la plaine en s'emparant d'une ville musulmane importante. Huesca étant encore hors de portée, il jette son dévolu sur Barbastro, ce qui implique auparavant la prise d'Alquezar et d'el Grado au débouché du rio Cinca, à proximité de sa confluence avec l'Esera et le Vero qui traverse Barbastro (IPP).

En 1061, Ramire I dicte son testament et explique clairement qu'il se considère comme un simple dépositaire de son royaume que Dieu lui a confié (IPP).

En 1063, Ramire I s'attaque à el Grado. Mais, soit ayant surestimé ses forces ou sous-estimé celles de l'adversaire et ne pouvant compter sur l'appui des autres royaumes chrétiens peu soucieux de conforter sa puissance naissante, il ne peut emporter d'assaut el Grado et, au cours du siège, trouve la mort. Le bruit se répand alors qu'il a été traitreusement assassiné par un musulman. La nouvelle du trépas de Ramire I a ensuite un grand retentissement au nord des Pyrénées et le pape Alexandre II décide d'appeler des chevaliers à intervenir pour venger la mort du roi d'Aragon. C'est alors le point de départ de la croisade de Barbastro, une expédition rassemblant des hommes venus des deux versants des Pyrénées et dont l'objectif est de prendre Barbastro. Cet appel de la papauté tombe à point car les chevaliers du nord de la chaîne, les Aquitains en général, et les Béarnais plus particulièrement, sont disposés à y répondre. Suite à la mort de Ramire I, Sanche-Ramirez monte sur le trône d'Aragon (IPP).


Sources de l'article

IPP : Pierre Tucoo-Chala. Quand l'Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois. Collection Terres et Hommes du Sud, J&D Editions, 1994.