Rodrigo Diaz le Cid Campeador (1043 à 1099)

RODRIGO DIAZ LE CID CAMPEADOR


Chronologie

1000 à 1050
Vers 1043, Rodrigo Diaz naît dans le village castillan de Vivar, près de Burgos. Au cours de sa vie, il montre des compétences exceptionnelles en matière de combat individuel. Ainsi, selon le Carmen Campidoctoris, au cours de son adolescence, Rodrigo Diaz bat en combat singulier le pamplonais Jimeno Garcés, un champion navarrais, et gagne le surnom de Campeador. Ce duel, qui permet de déterminer si une ville appartient à la Navarre ou au royaume de Leon, est un exemple de ceux qui, au XIe siècle, permettent de régler les questions judicaires à la façon des ordalies, ou jugements de Dieu. Au cours de sa vie, Rodrigo Diaz engrange aussi les savoirs et les tactiques militaires des deux mondes dans lequel il évolue, le monde chrétien féodal et le monde musulman andalou. Il compose ainsi une armée hybride, mêlant des effectifs musulmans et chrétiens, les premiers étant même supérieurs en nombre. Cette troupe, à la fois permanente et professionnelle, est plus efficace que les contingents de chevaliers féodaux qui agissent comme bon leur semble et se retire du combat quand cela leur convient. La capacité de Rodrigo Diaz à garder une armée constamment opérationnelle, voire à augmenter ses troupes aux moments clés, fait de lui un seigneur de guerre, un professionnel des armes vivant par et pour ses troupes (HC75).

1050 à 1100
En 1066, Sanche II de Castille nomme Rodrigo Diaz armiger (HC75).

En 1072, Rodrigo Diaz participe au siège de Zamora. Selon l'Historia Roderici, il est attaqué par surprise lors de ce siège par plusieurs cavaliers de la ville assiégée et doit livrer un combat au corps à corps qu'il finit par gagner (HC75).

En 1079, Rodrigo Diaz commande des troupes lors de la bataille de Cabra (HC75).

En 1081, Rodrigo Diaz, exilé par Alphonse VI de Leon, se met au service des Beni Houd, dans la taifa de Saragosse, en tant que chef mercenaire (HC75).

En 1082, Rodrigo Diaz commande des troupes lors de la bataille d'Almenar (HC75).

En 1084, Rodrigo Diaz attaque le château de Morella, une forteresse de la taifa de Lérida, et y cause de grands dégâts (HC75).

En 1090, lors de la bataille de Tévar, Rodrigo Diaz et ses troupes affrontent Bérenger-Raimond II de Barcelone et les troupes musulmanes de la taifa de Lérida. Il remporte la victoire en mettant à profit le site de la bataille, sauvage et boisé, et qu'il a lui-même choisi, et en semant la discorde au sein de l'armée adverse grâce à la propagation de fausses rumeurs (HC75).

En 1092, irrité par la tentative d'Alphonse VI pour conquérir Valence, Rodrigo Diaz contraint ce dernier à lever le siège en lançant contre les terres riojanes appartenant au roi une campagne de destructions, de déprédations et de massacres (HC75).

En 1094, Rodrigo Diaz effectue un siège de Valence. Il ordonne d'assaillir frontalement les portes de la ville pour y pénétrer par la force, emploie des machines de guerre pour abattre les murailles et ouvrir une brèche pour entrer, et fomente une rivalité entre factions dans la ville pour qu'un groupe se soulève contre le pouvoir. Finalement, après un long siège, Rodrigo Diaz s'empare de Valence. Il devient le seigneur d'un vaste territoire. Au cours de la même année, lors de la bataille de Cuarte, Rodrigo Diaz tente de briser le siège de la cité, encerclée par une puissante armée almoravide. Il remporte la victoire en scindant leur armée en deux, en diffusant de fausses informations dans les rangs ennemis. Il recourt aussi à la tactique musulmane qui consiste en une brève attaque à cheval suivie d'un repli, divisant ainsi un ennemi supérieur en nombre. Par la suite, grâce au pillage et à la destruction des récoltes et des villages, Rodrigo Diaz réussit à mettre en place un système de tributs autour de Valence. Ce sont ces tributs, arrachés sous la menace d'exactions et ajoutés aux butins des chevauchées, des raids menés en territoire ennemi afin de détruire, de saccager et d'extorquer, qui permettent à Rodrigo Diaz d'entretenir une armée permanente et opérationnelle (HC75).

En 1097, lors de la bataille de Bairén, Rodrigo Diaz se bat aux côtés de son allié Pierre I d'Aragon. Sur les plages de l'actuelle Gandia, il lance une charge de cavalerie qui ravage les rangs de l'armée almoravide qui leur barre la route et les harcèle de tous côtés. Finalement, Rodrigo Diaz et Pierre I d'Aragon remportent la victoire. Au cours de cette bataille, c'est la première fois que la charge de cavalerie, une nouvelle forme de combat venue de Normandie qui révolutionne les méthodes d'affrontement, est utilisée dans la Péninsule ibérique (HC75).

En 1098, Rodrigo Diaz domine entièrement la région de Valence en s'emparant de Murviedro, l'ancien nom de Sagonte (HC75).

En 1099, Rodrigo Diaz meurt à Valence (HC75).

1200 à 1250
Vers 1207, le Cantar de Mio Cid est publié. Ce texte est la première grande œuvre de la littérature espagnole écrite en langue romane. Elle raconte les actes héroïques librement inspirés des dernières années de la vie de Rodrigo Díaz. Il s'agit d'une œuvre anonyme, même si les spécialistes pensent qu'elle a été écrite par Per Abbat (CMC). Ce texte accentue la puissance de Rodrigo Diaz afin de le présenter en héros de la lutte menée par les chrétiens contre les musulmans lors de la Reconquista dans la Péninsule ibérique (HC75).

1600 à 1650
En 1637, Pierre Corneille publie Le Cid, une pièce de théâtre (LC) où le héros est un homme d'honneur amoureux (HC75).


Sources de l'article

HC75 : David Porrinas Gonzalez, Université d'Estrédamure. Le Cid, le preux seigneur du XIe siècle. Histoire & Civilisations 75, Septembre 2021.
LC : Pierre Corneille. Le Cid, tragi-comédie. 1637. Version en ligne BnF/Gallica.
CMC : Per Abbat. Cantar de Mio Cid. 1207. Manuscrit en ligne Biblioteca Virtuel Miguel de Cervantes.


Bibliographie

Philippe Conrad. Histoire de la Reconquista. Collection Que sais-je. PUF, 1999.
Pierre Corneille. Le Cid. Collection Folio. Gallimard, 2000.
Georges Martin (trad.). Chanson de Mon Cid. Collection Aubier. Flammarion, 1996.