Alaric II (484 à 507)

ALARIC II


Chronologie

450 à 500
Vers 484, Euric décède, peut-être à Arles. Son fils, Alaric II, lui succède et devient roi des Wisigoths. A cette époque, l'étendue du royaume nécessite de faire vivre ensemble des peuples différents. Ce sont les Aquitains, les Provençaux, les habitants de la Septimanie et de la Novempopulanie, les habitants de la péninsule Ibérique et les Wisigoths. Au cours de son règne, Alaric II ne s'oppose pas aux Clermontois lorsque ceux-ci chassent leur gouverneur Victorius, nommé par Euric. Alaric II donne son accord à la nomination d'Aprunculus, évêque de Langres, comme successeur de Sidoine Apollinaire en tant qu'évêque de Clermont, alors même que Aprunculus avait montré un zèle catholique tenace face aux wisigoths ariens et avait dû se réfugier en Auvergne auprès de Sidoine Apollinaire pour se mettre à l'abri d'un complot visant à l'assassiner. Alaric II nomme comte de Clermont le fils de Sidoine Apollinaire qui s'était enfui à Rome, avait été arrêté à Milan et s'était évadé pour revenir dans sa province natale. Cependant, au cours de son règne, Alaric II doit subir l'opposition des catholiques, les souvenirs des persécutions de son père, Euric, restant vivaces et les évêchés menant un combat constant contre la cour de Toulouse. Ainsi, à Tours, Volusien, qui a succédé à Perpetuus, manifeste son hostilité à l'égard des Wisigoths. Alaric II tente de pourvoir les sièges épiscopaux laissés vacants par les titulaires victimes d'Euric, mais ses candidats trop compromis dans l'arianisme sont repoussés au profit d'anciens amis de Sidoine Apollinaire. Quintien, ancien évêque d'Afrique, devient évêque de Rodez, à la mort de son titulaire, et poursuit ses diatribes contre les ariens. Mais, par la suite, Quintien est assiégé dans sa cure et les Wisigoths qui demeurent dans Rodez complotent pour le tuer. Quintien se réfugie alors à Clermont où il est accueilli par l'évêque Euphrasius, successeur d'Aprunculus, qui lui donne des terres, des vignes, des maisons et quelques propriétés de son église, situées en Auvergne (RWO).

En 485, Ruricius est élu évêque de Limoges et rappelle sans cesse son appartenance au catholicisme (RWO).

En 486, Clovis bat Syagrius, un général romain ayant fondé un éphémère royaume autour de Soissons (LOM). Syagrius, fils d'Aegidius et chassé de Soissons, trouve refuge à la cour de Toulouse. Mais Alaric II obtempère à la demande des ambassadeurs de Clovis qui le menacent d'une guerre s'il ne leur livre pas le Gallo-Romain. Il fait ainsi saisir Syagrius par sa garde personnelle et le livre, ligoté, à Clovis qui le fait égorger aussitôt (RWO). Clovis dispose dorénavant d'un territoire qui s'étend jusqu'à la Loire, au contact direct du Royaume Wisigoth (LOM). Au cours de l'année, Alaric II a un fils illégitime, Geisalic, qu'il reconnaît (RWO).

En 490 (RWO, RFE), les Goths de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, sont chassés de Milan par Odoacre. Théodoric le Grand se réfugie alors à Pavie et souhaite l'aide de Alaric II (RFE). Ainsi, il envoie des ambassadeurs à Alaric II, afin de lui demander des troupes. Un fort contingent de Wisigoths franchit alors les Alpes et fait sa jonction avec l'arrière-garde de Théodoric dans les derniers jours de juillet. Les deux armées font ensuite mouvement vers Odoacre qui se trouve sur la rive gauche de l'Adda, dans la plaine de Cremone (RWO). Le 11 août, grâce aux renforts wisigoths, Théodoric le Grand reprend Milan (RFE). Odoacre est refoulé et se réfugie dans Ravenne dont les Wisigoths et les Ostrogoths entreprennent le siège avant la fin de l'année. Odoacre tente une sortie désastreuse qui se solde par un échec et entame ensuite des négociations avec Théodoric le Grand. Un traité de paix est alors signé. Par la suite, Alaric II se marie avec Théodigotha, fille aînée de Théodoric le Grand. Au cours de l'année, Aprunculus, évêque de Clermont, décède et est remplacé par Euphrasie qui, dans ses prêches, appellent le peuple franc au secours des catholiques qu'il dit persécutés par les Wisigoths (RWO).

En 495 ou après, la Tarraconaise, récemment conquise, est le théâtre d'un soulèvement de la noblesse romaine, menée par Burdunellus. La noblesse romaine n'est en effet pas disposée à se soumettre au code wisigothique et à ses lois car celles-ci leur retirent leurs terres et leur infligent une pression fiscale jugée insupportable par les intéressés. La révolte est matée, non sans difficulté et Burdunellus, ayant été trahi par les siens, est livré aux Wisigoths qui l'envoient à Toulouse (RWO). Alaric II, au milieu d'un grand concours de peuple (RWO), lui fait subir un terrible supplice en l'enfermant dans un taureau de bronze sous lequel est ensuite allumé un feu (RWO, HC46).

Peut-être en 496 ou après 496 (LOM), mais vraisemblablement après 500 (EM), probablement pas avant 501, voire pas avant 508 (LOM), une nuit de Noël (EM), Clovis est baptisé (EM, LOM), à Reims par l'évêque Rémi, qui le reçoit dans le catholicisme nicéen (LOM). Par la suite, l'opposition des évêques catholiques contre les Wisigoths dans le Royaume Wisigoth est alors d'autant plus redoutée par Alaric II qu'elle ne cache pas sa préférence pour les Francs de Clovis, convertis ainsi récemment au catholicisme. De plus, la fortune mobilière et immobilière de l'Eglise est considérable et constitue un grand pouvoir économique. Cependant, les évêques ne sont pas forcément suivis par le peuple (RWO).

Peut-être après 496, peut-être après avoir reçu en secret des émissaires du clergé du Royaume Wisigoth, hostile à Alaric II, et peut-être ainsi sous le prétexte de protéger les évêques et leurs fidèles des persécutions ariennes, Clovis entreprend une campagne militaire en Aquitaine. Mais Théodoric le Grand fait mouvement avec ses troupes pour porter secours à Alaric II qui fait également mouvement avec ses troupes. Clovis fait alors demi-tour et se retire derrière la Loire. Alaric II retourne à Toulouse et Théodoric le Grand à Ravenne. Clovis lance alors une offensive rapide contre l'Aquitaine II. Par Poitiers, puis Angoulême, il progresse rapidement vers Bordeaux qu'il réussit à occuper après s'être emparé de son gouverneur Suatrius. Alaric II rassemble ses troupes en Aquitaine I et, longeant la Garonne, il investit Bordeaux et déloge Clovis et ses Francs qu'il chasse de la ville. Clovis et son armée, presque intacte, regagne alors ses cantonnements de la Lyonnaise IV. Théodoric le Grand tente alors de ramener la paix, envoyant des messages aux deux belligérants, avec qui il est parent par alliance, mais aussi à Gondebaud, roi des Burgondes, qui se sent menacé et avec qui Théodoric le Grand est également parent par alliance, mais aussi au roi des Hérules, résidant en Silésie, au roi des Warnes, dont le camp est établi sur la Visule, et au roi des Thuringiens, installé aux confins de la Bavière et de l'Autriche (RWO).

En 499, Clovis convoque Alaric II et ses conseillers à une confédération de la paix sur l'île-d'Or ou île de Saint-Jean, située près d'Amboise sur la Loire, à la ligne de démarcation entre le Royaume Franc et le Royaume Wisigoth. Théodoric le Grand y dépêche des observateurs et Clovis et Alaric II signent un traité de paix et se réconcilient autour d'un banquet, auquel prennent part les officiers de leurs troupes. Alaric II est alors maître d'un vaste territoire de 500.000 habitants, dont 200.000 pour les seuls Aquitains, et il domine 6 millions de romains de la péninsule Ibérique entre le Douro et le Tage. Mais dans ce royaume, les Wisigoths sont en petit nombre et leurs codes interdisent les mariages mixtes avec les habitants de la péninsule Ibérique et avec les catholiques, ce qui ne favorise pas leur intégration auprès des autochtones (RWO).

500 à 550
En 501, Amalaric, fils de Alaric II et Théodigotha, naît (RWO).

Vers 505, Alaric II apprend que Gondebaud, roi des Burgondes, a des velléités de se convertir au catholicisme. Par la suite, Alaric II chasse deux évêques, Ruricius de Limoges et Césaire d'Arles de leur siège épiscopal pour avoir répandu des propos hostiles à la cour de Toulouse. Ils sont exilés à Bordeaux. Mais Césaire a eu le temps de faire répandre largement dans toute la Narbonnaise et une partie de la Provence un bréviaire de foi, texte de propagande contre les Wisigoths et la foi arienne. Alaric II réagit à l'opposition catholique et prend Tours, ville frontière avec les Francs qui considèrent cette provocation comme un acte de guerre, et il déporte son évêque Verus qui avait publiquement pris position contre lui. Puis Alaric II regagne Narbonne, où il aime à séjourner dans son palais, et fait peut-être abattre le campanile d'une église (RWO).

En 506, le 2 février, à Aire-sur-Adour, en Novempopulanie, une province en majorité hostile aux Wisigoths (RWO), Après avoir consulté les catholiques (EM), Alaric II fait publier le Bréviaire d'Alaric (EM, RWO), une importante compilation de droit romain (EM), rédigées par Ananius, un romain (RWO). Ce code prend des mesures favorables aux gallo-romains des 7 provinces, constitue une nouvelle version du code théodosien et annule quelque peu les lois promulguées sous Théodoric II et Euric I. Il donne une large place à la législation romaine et semble abandonner les vieilles coutumes germaniques, sauf dans des cas spécifiques. Alaric II tente aussi un rapprochement avec les catholiques en réunissant un grand concile à Agde. Il rappelle alors plusieurs évêques d'exil. Le 10 septembre, le concile s'ouvre dans l'église Saint-André d'Agde, en présence de 34 évêques, de 3 évêques métropolitains et de 10 délégués. Il est présidé par Césaire d'Arles, rentré de son bannissement à Bordeaux. Les évêques Cyprien de Bordeaux, Sedat de Nîmes, Materne de Lodève, Probatien d'Uzès, Tetracidus de Bourges, Heraclien de Toulouse, Sophronius d'Agde et Quintien de Rodez sont présents au concile. Mais Alaric II ne veut pas autoriser Verus, évêque de Tours, qui est représenté par le diacre Léon. Au cours de la cérémonie, Eudonius, grand dignitaire de la cour de Toulouse, annonce que les conciles seront désormais annuels, que le prochain se déroulera à Toulouse et qu'il comprendra des évêques de la péninsule Ibérique (RWO). Finalement, le clergé accepte de prier pour la longévité et le succès du règne d'Alaric II (EM).

En 507, Paterne, espion ou envoyé officiel de Clovis à la cour de Toulouse, rapporte à Clovis que Alaric II poursuit des négociations militaires avec Théodoric le Grand. Clovis, peut-être inquiet de la jonction possible entre les Ostrogoths et les Wisigoths, décide de rompre la trêve de l'île Saint-Jean (ROW). Clovis est certainement aussi très intéressé à s'emparer de l'Aquitaine (EM), et il fait une alliance de raison avec les Burgondes (EM, LOM), qui ont des visées sur la basse vallée du Rhône (EM). Au cours de l'été (RWO), allié avec des Francs Ripuaires de Cologne (RWO, LOM), dirigés par Chlodéric, fils du roi Sigibert, Clovis met en route son armée vers le sud de la Gaule, accompagné de Thierry, son fils qu'il avait eu avec une concubine avant son mariage avec Clotilde (RWO). Pendant ce temps, les Burgondes s'avancent vers Arles (EM). De son côté, après avoir renforcé les garnisons de ses places fortes telles que Arles, Angoulême et Narbonne dont il confie la garde à son fils Geisalic, et après avoir peut-être fait transporter le Trésor des Wisigoths à Carcassonne, Alaric II masse la majeure partie de ses troupes dans le Poitou, accompagné de nombreux auvergnats, d'anciens gallo-romains ralliés dont le fils de Sidoine Apollinaire. Pendant ce temps, Théodigotha, l'épouse d'Alaric II, et sa famille sont confiés à des hommes de confiance à Toulouse, avec ordre de gagner la péninsule Ibérique et Barcelone en cas de défaite (RWO). Clovis passe la Loire dans la région de Tours (RWO, EM) et, finalement, l'armée d'Alaric II et l'armée de Clovis s'affrontent dans la plaine de Vouillé, près de Poitiers (RWO, LOM, EM). Clovis remporte la victoire tandis que Alaric II trouve la mort au cours de la bataille (RWO, LOM, EM). Geisalic est ensuite proclamé roi du Royaume Wisigoth (RWO, HC46).


Sources de l'article

RWO : Joël Schmidt. Le royaume wisigoth d'Occitanie. Collection Tempus. Editions Perrin, 1992, réédition 2008.
EM : Bruno Dumézil. L'empire mérovingien, Ve-VIIIe siècle. Passés composés, 2023.
LOM : Joël Chandelier, Joël Cornette (dir.). L'Occident médiéval, d'Alaric à Léonard. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.
RFE : Claire Sotinel, Catherine Virlouvet (dir.), Joël Cornette (dir.). Rome, la fin d'un empire, de Caracalla à Théodoric. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2019.
HC46. Eduardo Manzano, chercheur, Conseil supérieur de la recherche scientifique, Madrid. Le royaume déchiré des Wisigoths. Histoire & Civilisations 46, janvier 2019.