Gélon (-484 à -478)

GÉLON


Chronologie

-500 à -450
En -492, à la faveur de troubles qui suivent une défaite de Syracuse face à Géla, les Killyrioi se révoltent. Sans doute soutenus par les citoyens les moins fortunés, les insurgés chassent les Gamoroi. Depuis leur exil, ces aristocrates obtiennent le soutien de Gélon, de la famille des Deinoménides et tyran de Géla (GC, 146-147).

En -484, Gélon s'empare de Syracuse et en fait sa capitale, laissant son frère Hiéron à la tête de Géla. S'il impose le retour des Gamoroi, Gélon ne semble pas les avoir rétablis dans leurs privilèges. De leur côté, les anciens Killyrioi se fondent dans la masse des citoyens. Le tyran recompose la communauté, déplaçant la moitié des habitants de Géla et tous ceux de Camarina, une fondation syracusaine, pour les implanter à Syracuse (GC, 147). Lui-même s'installe sur l'île voisine d'Ortygie (GC, 147), là où Syracuse fut fondée (RNE, 300), d'où il surveille la cité avec l'appui de ses mercenaires. 10.000 d'entre eux accèdent au statut de citoyen, ce qui accentue le brassage des populations. Gélon étend aussi son influence sur l'est de la Sicile. Il s'allie à la famille des Emménides, en se mariant avec la fille de Théron d'Agrigente qui, quant à lui, épouse une nièce de Gélon. Ces alliances matrimoniales renforcent les pouvoirs de Gélon et Théron qui, à eux deux, dominent la majeure partie de la Sicile. Par sa taille et sa puissance militaire, Syracuse devient la deuxième puissance du monde grec, après Sparte (GC, 147). Sous la conduite de Gélon, puis de Hiéron, Syracuse devient une des principales cités grecques de Méditerranée. L'occupation spatiale de la ville déborde alors largement sur la terre ferme, au-delà du pont d'Ortigye, dans le quartier de l'Achradine, où est établie l'agora, et dans le nouveau quartier de Neapolis, pour atteindre 325 hectares (RNE, 300). Au cours de son maintien au pouvoir, Gélon, comme son frère et successeur Hiéron, n'a pas le titre de roi et n'exerce officiellement que la fonction de stratège. Sous les règnes de Gélon et Hiéron, Syracuse devient pourtant un état dynastique centré sur les tyrans et leur entourage (GC, 152).

Entre -480 et -478 se déroule la deuxième guerre médique (GC, 489). Au début de cette guerre, une ambassade grecque implore le soutien de Gélon. Selon Hérodote, le tyran accepte d'envoyer contre les Perses 200 vaisseaux, 20.000 hoplites et 2.000 cavaliers. En contrepartie, il exige le commandement de l'alliance hellénique. L'envoyé athénien rompt alors les négociations, en répondant qu'il n'est pas venu demander un chef mais des soldats. Si la force militaire de Gélon est peut-être exagérée par Hérodote, sa puissance ne fait aucun doute. De fait, seuls l'extrême ouest tenu par les Carthaginois, les Elymes et le nord-est de l'île échappent à son emprise. Au nord-est de l'île, la cité de Zancle est sous l'autorité d'Anaxilas de Rhégion, maître du détroit de Messine et gendre de Terillos, le tyran d'Himère. Mais ce dernier est chassé par Théron et s'en va demander l'aide de Carthage (GC, 147).

En -480, Gélon repousse les Carthaginois à la bataille d'Himère, avec l'aide de Théron, le tyran d'Agrigente (GC, 146). En effet, sous le commandement d'Hamilcar, un Carthaginois de l'illustre famille des Magonides, une armée de mercenaires débarque au nord de l'île, mais est écrasée par les troupes de Théron et Gélon à Himère. Le chiffre de 150.000 tués parmi les Barbares, avancé par Diodore, est probablement exagéré, mais le nombre de prisonniers de guerre est certainement considérable. Réduits en esclavage, ceux-ci fournissent la main-d'œuvre des grands travaux engagés par Gélon. Le tyran édifie ainsi à Syracuse un temple d'Athéna, dont plusieurs colonnes subsistent actuellement dans l'appareil de la cathédrale de la cité. Dès lors, Gélon apparaît comme un rempart de l'hellénisme face aux Barbares. Pas plus que les guerres médiques, l'affrontement entre Syracuse et Carthage ne relève pourtant d'un conflit de civilisations. L'engagement de Gélon tient d'abord de sa volonté d'étendre son emprise sur la Sicile (GC, 147-148). Suite à sa victoire face aux Carthaginois, Gélon consacre des offrandes en or au sanctuaire d'Apollon. Actuellement, à Delphes, non loin du socle du trépied de Platées, on peut observer une inscription, jadis à la base d'un autre monument : "Gélon, fils de Deinoménès de Syracuse, a fait la consécration à Apollon. Bion, fils de Diodoros, de Milet, a fait le trépied et la victoire." (GC, 146).

En -478, Gélon décède. Les Syracusains lui décernent les honneurs héroïques, pour son action contre les Puniques. Son frère Hiéron lui succède et se révèle à son tour un chef de guerre remarquable (GC, 148).


Sources de l'article

GC : Gerbert S. Bouyssou, Véronique Chankowski, Anne Jacquemin, William Pillot, Catherine Grandjean (dir.), Joël Cornette (dir.). La Grèce classique. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2022.

RNE : Stéphane Bourdin, Catherine Virlouvet, Joël Cornette (dir.). Rome, naissance d'un empire, de Romulus à Pompée. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.