Adad-nârârî II (-911 à -891)
ADAD-NÂRÂRÎ II
Chronologie
-950 à -900
En -912, Assur-dân II laisse le trône vacant (EA 47, LM 564).
En -911 (LM 425), le fils de Assur-dân II, Adad-nârârî II, lui succède et devient roi d'Assyrie (EA 49, LM 425). Il poursuit la politique de son père et entreprend une première phase de reconquête de la haute Mésopotamie (EA 49). En effet, à partir d'Assur-dân II les souverains assyriens partent à la reconquête de leurs territoires perdus (LM 593). Aujourd'hui, c'est la lecture de leurs inscriptions qui permet de connaître la nouvelle carte que la création des royaumes araméens a dessinée en Mésopotamie du Nord (LM 593). A partir du Xe siècle, et surtout à partir du règne d'Assur-dân II, les sources écrites assyriennes redeviennent abondantes, sous la forme d'Annales enregistrant les campagnes militaires des rois d'Assyrie (LM 632). Ces sources permettent aujourd'hui de suivre la politique des rois assyriens (LM 632). La stratégie mise en œuvre par Assur-dân II, puis ses successeurs Adad-nârârî II et Tukultî-Nimurta II, consiste à affaiblir progressivement l'ennemi en revenant chaque année mettre le siège devant sa capitale, en brûlant systématiquement ses récoltes, et en pillant ses troupeaux. Lorsque l'adversaire se soumet, il est astreint au versement d'un tribut annuel, et le roi d'Asssyrie installe des colons assyriens sur certaines portions de territoire. A terme, le royaume ou la principauté sont annexés et incorporés dans le territoire assyrien (LM 633). Les campagnes militaires des rois assyriens, outre leur aspect politique, ont une finalité économique évidente, et les prélèvements sur les pays conquis touchent également la population. Lorsque les vaincus ne sont pas massacrés, ils sont emmenés en Assyrie pour compléter la main-d'œuvre utilisée pour les grands travaux logistiques et de prestige qu'entreprennent les rois assyriens. Ce système s'institutionnalise sous la forme de déportations. Ces déportations peuvent être sélectives et frapper les élites sociales et économiques, ou, de plus en plus au fur et à mesure de l'évolution de l'Empire assyrien, être massives et concerner des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes. Au cours du règne de Adad-nârârî II, il est fait mention de 1 déportation, sans fournir de chiffres précis sur le nombre de personnes déplacées (LM 667-669). Adad-nârârî II s'attribue une quinzaine de qualificatifs élogieux tels que puissant, magnifique, for, imposant, fier, rayonnant, lion viril, exalté, impétueux. Il se présente comme un fameux chasseur et un grand bâtisseur, rebâtissant notamment la cité d'Apku, soit l'actuel Tell Abu Marya au nord de l'Irak (EA 49). Au cours de son règne, Assur-dân II s'attaque notamment à la région du Tur Abdin et à Nabisina, conquise qu'au cours du règne de son successeur, Adad-nârârî (LM 633). Adad-nârârî II raconte en détail ses 7 campagnes contre le Hanigalbat, qu'il réussit à reconquérir en profitant des divisions des Etats araméens. Il soumet aussi toute la frange montagneuse du Zagros, depuis le Zab inférieur jusqu'au lac de Van. Il annexe le Katmuhu et occupe le territoire babylonien entre Arrapha et Dêr, jusqu'aux confins de l'Elam. Shamash-mudammiq, roi de Babylone, est trop affaibli pour l'arrêter (EA 49). Cependant, un traité diplomatique est passé entre Adad-nârârî II et Shamash-mudammiq, ce qui stabilise la situation entre les deux pays mais qui n'exclut pas des phases de tension qui se dénouent en général au profit des Assyriens (LM 633). Dans ses annales, il ne désigne plus la Méditerranée comme une limite, car il pousse la prétention jusqu'à affirmer que l'Assyrie domine désormais les quatre parties du monde (HP 166-167). Il reconstruit son palais d'Assur en cèdre et autres essences de bois, sans indiquer leur provenance. Curieusement, il ne mentionne pas le tribut des cités phéniciennes, lui qui prélève un tribut partout où il va. Mais il raconte brièvement une chasse à l'hippopotame sur les navires d'Arwad, avant de passer à une partie de chasse aux taureaux sauvages au pied du mont Liban. Son récit reprend en partie celui d'Assur-bêl-kala (HP 167), roi d'Assyrie de -1073 à -1056 (HP 448). Lui aussi orne les portes de son palais avec deux statues d'hippopotames, en albâtre et non plus en basalte. Adad-nârâri II reçoit en cadeau de l'Egypte un crocodile et un buffle pour sa ménagerie d'animaux exotiques, sans doute de la part de Osorkon I. Les cours des grandes puissances continuent à échanger des cadeaux (HP 167). Adad-nârârî II mentionne la ville de Sikani aux sources du Habur (LM 425).
-900 à -850
Vers -891, Nabû-shum-ukin I, roi de Babylone et successeur de Shamash-mudammiq, signe avec Adad-nârârî II un traité de paix et, pour le sceller, les deux rois épousent chacun une fille de l'autre (EA 49), En effet, selon les sources assyriennes, sous le règne de Nabû-shum-ukin I, qui dura de -899 à -888, Adad-nârârî II inflige à la Babylonie une sévère défaite et la saisie d'un vaste butin. Pourtant, la frontière entre les deux pays est reportée vers le nord, au profit de Babylone et cette défaite babylonienne inaugure une période d'entente diplomatique qui est probablement scellée par un traité (LM 607).
En -891, Adad-nârârî II laisse le trône vacant (LM 633).
En -890, Tukultî-Ninurta II devient roi d'Assyrie (EA 49).
1900 à 1950
En 1927, l'assyriologue Dietrich Opitz, s'appuyant sur l'inscription de Adad-nârârî II qui mentionne la ville de Sikani aux sources du Habur, propose que le site de Tell Fehheriye aurait abrité la ville de Washugganni, une capitale du Mittani, dont le nom Sikani dériverait.. La même année, l'archéologue Max von Oppenheim, qui a visité le site, arrive à la même conclusion (LM 425).
Sources de l'article
EA : Josette Elayi. L'Empire assyrien. Collection Tempus. Editions Perrin, édition 2021, réédition 2024.
HP : Josette Elayi. Histoire de la Phénicie. Collection Tempus. Editions Perrin, édition 2013, réédition 2018.
LM : Bertrand Lafon, Aline Tenu, Francis Joannès, Philippe Clancier, Joëlle Cornette (dir.). La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2017.