Le mythe d'Adapa
LE MYTHE D'ADAPA
Le mythe
Adapa était un prêtre d'Ea dans son temple, à Eridou. Chaque jour, Adapa accomplissait les rites. Il cuisait le pain, dressait les tables d'offrandes, puis, étant le pêcheur du temple, partait pêcher en barque. Un jour, sa routine consacrée fut interrompue par Vent du Sud. En colère, Adapa admonesta Vent du Sud et menaça de lui briser l'aile. Puis il exécuta sa menace et, pendant sept jours, Vent du Sud ne souffla pas vers la terre.
Anou remarqua cette absence de Vend du Sud et en demanda la raison à son vizir Ilabrat qui lui expliqua que Adapa avait brisé l'aile de Vent du Sud. Alors, Anou fit venir Adapa. Mais, avant qu'il ne se mette en route, Ea avertit le prêtre. En effet, quand il sera en présence d'Anou, ils lui offriront du pain de mort, et Adapa ne devra pas manger. Ils lui offriront aussi de l'eau de mort et Adapa ne devra pas boire.
Adapa arriva devant Anou et lui expliqua ce qui s'était passé. Il pêchait du poisson au milieu de la mer pour la maison de son seigneur Ea. Mais Vent du Sud souleva la mer en une tempête. Puis Vent du Sud souffla et fit chavirer Adapa qui fut forcé de demeurer chez les poissons. Dans sa fureur, le prêtre maudit Vent du Sud.
Doumouzi et Gizzida, deux gardiens du seuil des dieux, parlèrent alors à Anou en faveur d'Adapa. Apaisé par leurs paroles, Anou ordonna de servir à Adapa nourriture et boisson. Ils lui apportèrent le pain de vie éternelle, mais il ne voulu point manger. Ils lui apportèrent l'eau de vie éternelle, mais il ne voulu point boire. Adapa, en se rappelant les instructions d'Ea, rejeta ainsi le pain et l'eau d'immortalité.
(MM 110-111)
Le texte
Adapa, comme Etana et Gilgamesh, est un mortel d'ascendance divine et, comme à Gilgamesh, l'immortalité lui échappe de peu. Mais, en compensation, il devient le plus sage des hommes (MM 110).
Le texte de ce mythe fait environ 120 lignes. Il fut principalement trouvé à Ninive, où sa composition daterait de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.C. Mais il fut aussi trouvé à Tel el-amarna, où sa composition daterait du XVe ou du XIVe siècle (MM 30-31).
Le texte de ce mythe comporte deux passages actuellement disparu, c'est donc une version tronquée qui nous est parvenue. Ainsi, un passage d'une longueur indéterminée est manquant au moment de l'interruption de la routine d'Adapa par Vent du Sud. On ne sait donc pas comment cette interruption s'est déroulée et le texte connu reprend lorsque Adapa admoneste Vent du Sud et menace de lui briser l'aile. La toute fin du texte, après que Adapa a refusé de manger et de boire le pain et l'eau d'immortalité est également perdu. On ignore si Ea trompa délibérément Adapa ou s'il croyait sincèrement que le pain et l'eau de mort seraient offerts au prêtre (MM 110-111).
Sources de l'article
MM : Henrietta McCall. Sylvie Carteron (trad.). Mythes de la Mésopotamie. Collection Points Sagesses. Editions du Seuil, édition traduite 1994, édition originale 1990, réimpression 2023.