Genséric (428 à 477)

GENSÉRIC


Chronologie

400 à 450
En 428, Guntheric, roi des Vandales Hasdings, auxquels sont mêlés des Alains, décède et laisse le pouvoir à son demi-frère Genséric, aussi nommé Geiseric. A cette époque, les Vandales Hasdings, depuis leur établissement en Bétique, ont étendu leur pouvoir aux dépens de la province romaine de Carthaginoise. Ils maîtrisent les techniques de navigation et mènent des raids dans les îles Baléares. Par le suite, Genséric se convertit à l'arianisme, un courant du christianisme et, inquiet des mouvements militaires dans le nord de l'Ibérie, entreprend de conduire son peuple en Afrique. En effet, les Vandales Hasdings aspirent à trouver un territoire riche, suffisamment éloigné des armées impériales romaines pour pouvoir y vire dans une complète indépendance (RFE).

En 429, en mai (RFE, LOM), Genséric fait traverser le détroit de Gibraltar à une armée de plusieurs milliers d'hommes, accompagnés de leurs familles (RFE), soit un groupe hétéroclite d'environ 80.000 Vandales et Alains (LOM). La traversée dure plusieurs jours, avec des allers-retours de navires qui peuvent, à chaque voyage, transporter quelques dizaines d'hommes, débarquant probablement à Tingis, l'actuelle Tanger au Maroc, dans la province de Maurétanie Tingitane, dont le comte commande au plus 5000 à 6000 hommes. Les Vandales Hasdings progressent vers l'est. En août, ils prennent Altava, l'actuelle Ouled Mimoum en Algérie. Puis ils traversent la Maurétanie césarienne, balayant les troupes romaines stationnées sur place, sans qu'aucune armée ne vienne à leur rencontre (RFE).

En 430, après avoir parcouru près de 2000 km, les Vandales Hasdings arrivent en Numidie. Ils rencontrent l'armée de Boniface, envoyée par l'empereur romain. Le maître des milices est vaincu et se réfugie à Hippone. En juin, les Vandales Hasdings arrivent devant Hippone et l'assiège. Ce siège, au cours duquel Augustin trouve la mort, dure 14 mois (RFE).

En 431, l'empereur romain Théodose II envoie une armée d'Orient qui joint ses forces à une armée italienne sous le commandement d'Aspar. Le débarquement de l'armée romaine en Afrique libère Hippone mais ne permet pas de vaincre les Vandales (RFE).

Entre 431 et 432, de nombreux combats ont lieu entre les Vandales et l'armée romaine. Cependant, les Vandales parviennent à s'emparer de nombreuses villes, dont Hippone qui doit ouvrir ses portes. Seules Carthage et Cirta, l'actuelle Constantine en Algérie, résistent (RFE).

En 435 (RFE, LOM), le 11 février, à Hippone, Genséric rencontre Trygetius, un émissaire impérial envoyé par l'empereur romain Valentinien. Un traité partage l'Afrique entre les provinces de Numidie et de Maurétanie dont l'administration est confiée aux Vandales, les Romains conservant la plus grande partie de l'Afrique proconsulaire, la plus urbanisée et la plus riche. Les Romains peuvent ainsi prétendre que les Vandales sont des fédérés comme les autres, chargés de défendre les frontières contre les incursions des Maures. De son côté, Genséric est certainement conscient qu'il a, au contraire, conquis un royaume (RFE).

En 439, rompant le traité de 435, Genséric quitte les territoires qui lui ont été concédés, ravage la Numidie et l'Afrique proconsulaire, et prend Carthage (RFE, LOM).

En 440, au cours de l'été, Genséric s'attaque à la Sicile et assiège Palerme. Il repart ensuite à Carthage, peut-être parce qu'il apprend que l'empereur Théodose décide d'envoyer une forte armée au secours de son cousin l'empereur Valentinien (RFE).

En 442, Genséric signe un nouveau traité (RFE, LOM). Les Vandales occupent ainsi l'Afrique proconsulaire, la Byzacène et la partie orientale de la Numidie. En contrepartie ils restituent à l'administration romaine les deux Maurétanies et le reste de la Numidie. Genséric accepte de livrer du grain pour l'approvisionnement de Rome et envoie son fils Hunéric à la cour de Valentinien III (RFE). A ce moment là, Hunéric est marié à une fille de Théodoric I, roi des Wisigoths (RFE, RWO). A cette même période, la princesse gothique est condamnée pour trahison par les Vandales (RFE). Elle est mutilée (RFE), en lui coupant les oreilles et le nez (RWO), et est renvoyée auprès de son père (RFE, RWO). A cette même période, Hunéric est fiancé à Eudocia, la fille de Valentinien III et de Licinia Eudoxia (RFE, RWO). Genséric devient alors roi allié et ami de Rome. Par la suite, Genséric développe une politique résolument hostile aux catholiques. En effet, il sait notamment que le clergé catholique est un allié convaincu de l'Empire Romain. Il veut notamment empêcher le clergé de se renouveler en interdisant les élections épiscopales. La période qui en découle voit une forme de persécution qui provoque l'exil de nombreux clercs et la désorganisation des Eglises. Genséric exige notamment de ses collaborateurs d'adhérer à la confession arienne, menant ainsi une politique originale (RFE).
NB : L'ordre des évènements concernant le renvoi pour trahison de la princesse wisigoth et les fiançailles entre Hunéric et Eudocia ne sont pas fixes dans les sources et dépendent notamment de la façon de voir et d'appréhender les diverses raisons et les diverses ambitions politiques de chaque protagoniste.

450 à 500
En 451, Genséric et Attila font peut-être alliance contre les Goths d'Aquitaine et leur roi Théodoric I (RFE).

En 455, Palladius, fils de Petronius Maximus qui vient de s'emparer du pouvoir impérial, épouse Licinia Eudocia, qui était fiancée à Hunéric, fils de Genséric. Cette audace matrimoniale donne une raison à Genséric pour intervenir en Italie. A la fin mai, une flotte, envoyée par Genséric, aborde à Ostie, ou Portus. Petronius Maximus tente de s'enfuir mais il est dilapidé par les habitants de Rome. L'armée de Genséric n'a alors comme interlocuteur de Rome que l'évêque Léon. La ville est ouverte aux Vandales en échange de la sauvegarde des personnes (RFE). Rome est pillée pendant 14 jours (RFE) ou 15 jours (LOM). Les tuiles dorées du temple de Jupiter, le trésor du temple de Jérusalem, les trésors liturgiques des églises et d'innombrables autres richesses sont emportés par les Vandales. Tout ce qui est métallique les intéresse. Ils ne laissent que les statues et les murs des palais romains. Ils font aussi des milliers de prisonniers, essentiellement des artisans qualifiés mais aussi des otages de prestige. Ainsi, Gaudentius, fils d'Aetius, et l'impératrice Eudoxie et ses deux filles sont emmenées en otage. De retour à Carthage, Genséric fait célébrer le mariage de Licinia Eudocia avec Hunéric. Au cours de l'été, Marcien envoie, sans succès, une ambassade à Genséric pour lui demander de respecter le traité de 444 et de libérer les otages impériales (RFE).
NB : La source parle de respecter le traité de 444. C'est peut-être une erreur car la même source ne parle pas d'un autre traité depuis celui de 442, 

En 456, Genséric rencontre Bleda, un évêque arien envoyé comme ambassadeur par Marcien. L'empereur demande à nouveau le retour des otages impériales. Mais Genséric refuse à nouveau. Au contraire, Genséric effectue un raid de 60 navires contre les côtes d'Italie et de Sicile. Il se heurte à l'armée romaine commandée par Ricimer et subit deux défaites, l'une à Agrigente en Sicile, l'autre au large de la Corse (RFE).

En 457, dès le début de son règne, Majorien entreprend de construire une flotte en vue d'une expédition africaine contre les Vandales de Genséric. Grâce aux ressources de la Gaule, il recrute des troupes de mercenaires Huns, Ruges et Goths, ces derniers étant non pas des Goths d'Aquitaine mais des Goths venus de l'ancien empire Hun, des descendants des Greuthunges. Par la suite, Genséric envoie une ambassade pour proposer de renégocier le traité de paix. Mais Majorien refuse et poursuit ses préparatifs (RFE).

En 460, Majorien effectue une expédition en Afrique en passant par l'Espagne. Il conduit son armée, accompagnée d'une flotte qui longe la côte, de Saragosse à Carthagène. Genséric, qui apprend les plans de Majorien fait empoisonner les puits en Maurétanie pour empêcher la progression de l'armée romaine à travers ces provinces. Il envoie aussi une expédition navale qui surprend la flotte romaine et la détruit au large des Baléares. Majorien est alors obligé de conclure une paix désavantageuse avec Genséric. Genséric gagne peut-être alors la Sardaigne, la Corse et les Baléares. Par la suite, Léon envoie de Constantinople une ambassade à Genséric. Il n'obtient rien concernant la sauvegarde de l'Italie, mais Genséric autorise Eudoxie et Placidia, otages depuis 455, à partir pour Constantinople, en échange d'un nouveau traité. De son côté, Genséric a des revendications sur l'Italie. En effet, son fils Hunéric est marié à Licina Eudocia, fille de l'ancien empereur Valentinien, ce qui donnerait aux Vandales des droits sur l'Italie. Ainsi, chaque année, pendant la saison de navigation, entre mars et octobre, les navires vandales arrivent sur les côtes italiennes, pillent les récoltes et emmènent des prisonniers comme esclaves (RFE).

En 465, Childéric revient à la tête des Francs. Il envoie peut-être une ambassade à Genséric, avant de mourir au cours de l'année (RFE).

En 467, Léon prévient Genséric que toute attaque contre l'Italie signifierait que la guerre serait portée en Afrique. Au cours de la même année, Euric devient roi des Wisigoths et envoie une ambassade à Genséric pour lui annoncer son avènement (RFE).

En 468 (RFE, LOM), Anthemius, empereur romain, organise une expédition contre Genséric. L'empire dépense pour cela la somme de 7.408.000 solidi, soit plus de 100.000 livres d'or. Ainsi, 1.110 vaisseaux sont peut-être armés et 100.000 hommes sont peut-être engagés dans la campagne. Les forces occidentales se concentrent sur la Sicile et la Sardaigne sous les ordres de Marcellinus. Les forces orientales progressent par voie de terre dans l'actuelle Libye. Le gros des troupes, sous le commandement de Basiliskos, beau-frère de l'empereur Léon, navigue vers Carthage et mouille au Cap Mercure, l'actuel Cap Bon en Tunisie. Genséric demande à temporiser et Basiliskos, persuadé qu'il va capituler, lui accorde une trêve de quelques jours. Genséric attend ainsi que le vent tourne pour lancer contre la flotte romaine des brûlots. Les navires enflammés, poussés par le vent, incendient une partie des vaisseaux. Poursuivis par les Vandales, ceux qui en réchappent se réfugient en Sicile. Léon est alors contraint de conclure un traité de paix avec Genséric. Les armées romaines quittent la Tripolitaine, la Sardaigne est rendue aux Vandales et ce qui reste de la flotte orientale repart pour Constantinople (RFE).

En 474, Genséric signe une paix définitive avec les empereurs d'Occident et d'Orient (LOM). A partir de cette année-là, quand Genséric est certain de ne plus rien craindre de l'Empire Romain, son attitude devient plus tolérante envers les catholiques qu'il sait être des alliés convaincus de l'Empire. Le christianisme nicéen se remet alors à prospérer en Afrique (RFE).

En 476, Odoacre négocie avec Genséric un traité qui lui permet, en échange du paiement d'un tribut, de récupérer le contrôle de la plus grande partie de la Sicile. Ce traité laisse à l'empereur de Constantinople le soin de régler la question des autres revendications vandales, la dot d'Eudocia et l'héritage de Gerontius (RFE).

En 477, en janvier, Genséric meurt et son fils, Hunéric prend sa succession (RFE).


Sources de l'article

RFE : Claire Sotinel, Catherine Virlouvet (dir.), Joël Cornette (dir.). Rome, la fin d'un empire, de Caracalla à Théodoric. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2019.
LOM : Joël Chandelier, Joël Cornette (dir.). L'Occident médiéval, d'Alaric à Léonard. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.
RWO : Joël Schmidt. Le royaume wisigoth d'Occitanie. Collection Tempus. Editions Perrin, 1992, réédition 2008.