Kanmu (737 à 806)
KANMU
Chronologie
700 à 750
En 737 Kanmu naît (HJH 103, 126). Il est le fils aîné de l'empereur Konin (DHJ 75, HJH 103) et de Takano no Niigasa qui est originaire d'une famille d'immigrés installés dans le Yamashiro (DHJ 75, HJH 107).
750 à 800
De la fin du VIIIe siècle au début du IXe siècle, les campagnes militaires contre les Emishi dans les territoires du nord-est font passer progressivement la région sous l'influence politique et culturelle du Yamato (LJ 502).
Avant 773 ou en 773 (NDR), Momokawa préconise la nomination comme prince héritier de Kanmu et lui donne sa fille en mariage (HJH 101).
En 773, le prince Osabe est destitué et Kanmu devient prince héritier (DHJ 75).
En 781, l'empereur Konin décède (HJH 126) et laisse le pouvoir vacant (HJH 126, DHJ 75). Kanmu prend sa succession et devient empereur (LJ 396, DHJ 75, HJH 126). Il est certain que Kanmu règne et gouverne réellement (LJ 490). Kanmu et sa cour doivent gérer, en même temps que la construction de la capitale temporaire de Nagaoka-kyo puis celle de Heian-kyo, la question de l'intégrité du nord-est de l'archipel, à cause du conflit contre les Emishi (LJ 395-396). Au cours de son règne, Kanmu s'emploie à restaurer le ritsuryo-seido, c'est-à-dire le système des codes, qui montre des signes d'affaiblissement (DHJ 75). Exerçant personnellement le pouvoir, l'empereur Kammu veille à réformer les mœurs des fonctionnaires et en particulier de l'administration provinciale. A cet effet, il adresse aux administrateurs provinciaux, les kokushi, ainsi qu'aux administrateurs de district, les gunji, un mémoire en 16 articles leur rappelant leur devoir, et il institue le corps des kageyushi chargés de surveiller de près la succession des administrateurs provinciaux afin qu'elle s'effectue bien selon les règles prévues par le code. Quant aux gunji il s'efforce de les faire recruter non selon la naissance, mais selon le talent personnel. D'autre part, le code prévoie de redistribuer les terres tous les 6 ans, mais cette opération s'avérant difficile dans la pratique, l'empereur décide de procéder à une redistribution tous les douze ans. Le service militaire prévu dans le code s'avérant lui aussi une tâche trop lourde pour le peuple, l'empereur Kammu y substitue le système des kondei, c'est-à-dire des soldats d'élite recrutés parmi les fils de notables locaux. De manière à faciliter la circulation, il abolit le système des trois passes, le sankan, et, sur un autre plan, il décide que les enfants nés du mariage entre gens ordinaires du peuple, les ryômin, et parias seront considérés comme gens ordinaires du peuple. Dans le domaine religieux, Kanmu connaît les méfaits des moines qui, sous les règnes précédents, avaient tenté de s'immiscer dans les affaires politiques. Il prend donc des mesures pour séparer complètement le bouddhisme de la politique et, d'autre part, pour réformer de l'intérieur la conduite des moines. Il confie cette dernière entreprise aux moines Saichô et Kûkai dont l'action réformatrice aboutit à la création des nouvelles religions opposées aux six écoles de la capitale du sud (Nanto rokushù) (DHJ 76). Au cours du règne de Kanmu, les Fujiwara, qui occupaient environ les deux tiers des postes de hauts dignitaires auparavant, virent leur nombre décliner de façon sensible (HJH 105).
En 784, Nagaoko-kyo devient la capitale (LJ 396). En effet, Kanmu transporte la capitale de Heijo-kyo, dite aussi Nara (DHJ 75, HJS 166), à Nagaoka dans le district d'Otokuni de la province de Yamashiro (DHJ 75). En effet, Kanmu donne l'ordre à Fujiwara no Tanetsugu d'établir la capitale à Nagaoka, pour rompre les relations avec la puissance bouddhique de Nara et rétablir le système des codes dans une nouvelle atmosphère (DHK 41).
En 785, Fujiwara no Tanetsugu, qui dirige les travaux de construction de la nouvelle capitale Nagaoka, est assassiné (DJH 75, DHK 41).
En 789, grâce à une expédition, Kanmu repousse les Emishi, les habitants du nord qui sont révoltés (DHJ 76).
En 792, Nagaoko-kyo souffre d'une grande inondation au cours de laquelle la partie est de la capitale est entièrement ravagée (DHK 42).
En 793, Kanmu décide d'arrêter la construction de la capitale Nagaoko-kyo (DHK 42).
En 794, Nagaoko-kyo n'est plus la capitale (LJ 396). Kanmu fait déménager la capitale à Heian-kyo (DHJ 75-76, DHK 42), sur le site d'Uta dans le district de Kadono de la province de Yamashiro (DHJ 75-76), suivant les conseils de Wake no Kiyomaro (DHK 42). Au cours de la même année, grâce à une expédition, Kanmu repousse à nouveau les Emishi (DHJ 76).
En 797 (LJ 396), Sakanoue no Tamuramaro est nommé généralissime chargé de la pacification des barbares (LJ 396, DHJ 76) par la cour (LJ 396). Par la suite, Sakanoue no Tamuramaro vient à bout des Emishi et laisse un paysage sous surveillance, maillé de nouvelles bases de contrôle (LJ 396).
800 à 850
En 801, grâce à une expédition, Kanmu repousse à nouveau les Emishi (DHJ 76).
En 802, après avoir poussé ses troupes jusqu'au cours moyen de la rivière Kitakami, Sakanoue no Tamuramaro réduit Isawa, le point d'appui des Emishi, où il établit un poste-fronière (DHJ 76). Isawa-jo est ainsi fondé (LJ 396, DHJ 76).
En 803, Sakanoue no Tamuramaro fait construire le poste de Shiba (DHJ 76). Shiwa-jo est ainsi fondé (LJ 396, DHJ 76).
En 804, Sakanoue no Tamuramaro déménage à Isawa-jo le quartier général de pacification qui se trouvait jusque-là à Taga (DHJ 76).
En 805, le moine Saichô fonde l'école Tendai et le monastère Enryaku-ji sur le mont Hiei qui domine Kyoto (LJ 502). Au cours de la même année, Kanmu décide de supprimer le service de la construction du palais et de laisser la nouvelle capitale dans un état inachevé. En effet, malgré leur succès, l'aménagement de la nouvelle capitale et la lutte contre les Emishi entraînent des frais considérables qui épuisent les ressources de la population, et l'empereur est ainsi critiqué par son entourage et en particulier Fujiwara no Otsugu (DHJ 76).
En 806, Kanmu décède (HJH 126) et laisse le pouvoir vacant (LJ 396, HJH 126). Heizei prend sa succession et devient empereur (HJH 126). Après sa mort, l'empereur Kanmu est inhumé au tombeau de Kashiwahara, assimilé à la colline située actuellement dans l'arrondissement de Fushimi à Kyoto. C'est pourquoi il est parfois surnommé l'empereur Kanshiwahara. Il est vénéré au sanctuaire Heian-jungu, à Kyoto (DHJ 76).
Sources de l'article
LJ : Laurent Nespoulous, Pierre François Souyri, Joël Cornette (dir.). Le Japon, des chasseurs-cueilleurs à Heian. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2023.
HJS : Gérard Siary. Histoire du Japon, des origines à nos jours. Collection Texto. Editions Tallandier, 2020, réédition 2022.
HJH : Francine Hérail. Histoire du japon, des origines à la fin de l'époque Meiji. Publications orientalises de France, 1986. Version en ligne HALSHS.
DHJ : Collectif. Dictionnaire historique du Japon, volume 11. Publications de la maison franco-japonaise, 1985. Version en ligne Persée.
DHK : Collectif. Dictionnaire historique du Japon, volume 15. Publications de la maison franco-japonaise, 1989. Version en ligne Persée.