Naram-Sîn (-2262 à -2206)
NARAM-SÎN
Chronologie
-2300 à -2250
Avant -2261 ou après, au cours de sa vie, Naram-Sîn a des enfants, dont Shar-kalisharri (LM).
Vers -2261, alors que le trône a été laissé vacant par son père Manishtushu, ou son oncle Rimush, Naram-Sîn monte sur le trône (LM).
Entre -2261 et -2206, au cours de son règne, Naram-Sîn confie à l'une de ses filles la fonction de en, c'est-à-dire grande-prêtresse, du dieu Nanna à Ur. Il confie aussi à une autre de ses filles la fonction de en du dieu Enlil à Nippur, et à une autre la fonction de en du dieu Shamash à Sippar. Dans la première moitié de son règne, Naram-Sîn marche sur les pas de ses prédécesseurs, ses débuts étant placés sous le signe de la stabilité, de la prospérité et de la poursuite des conquêtes. Il ne cesse de guerroyer, portant les frontières de l'empire à leur extension maximale et se forgeant une image de roi combattant et victorieux. Vers le nord-ouest, il prétend avoir mené des campagnes jusqu'à Ebla, puis dans l'actuel Liban, et prétend même avoir pénétré en Anatolie pour atteindre la Cilicie ainsi que les sources du Tigre et de l'Euphrate. En Mésopotamie du nord, Naram-Sîn est présent jusqu'à Urkesh, l'actuel Tell Mozan, et installe un important palais-forteresse à Nagar, l'actuel Tell Brak. Dans la Transtigrine, les régions du moyen Tigre et celles à l'est du Tigre, Naram-Sîn exerce un contrôle effectif sur Ashur, Gassur, l'actuelle Nuzi, les régions de la vallée de la Diyala, du Djebel Hamrin, et jusque dans les hautes vallées du Zagros où il combat et vainc les Lullubi, une population montagnarde établie dans l'actuel Kurdistan irakien. C'est certainement à cette époque qu'est sculptée la Stèle de Victoire de Naram-Sîn qui commémore la victoire de Naram-Sîn sur Satuni, le roi des Lullubi. En direction du sud-est, en Elam et dans le golfe arabo-persique, jusqu'à Magan, l'actuel Oman, Naram-Sîn se glorifie d'avoir mené une campagne pour réaffirmer la présence akkadienne. Il répète à l'envie dans ses inscriptions qu'il est allé là où aucun autre roi n'était encore allé avant lui. Cependant, il est difficile de distinguer dans ces affirmations ce qu'il y a de vantardises, de raids sans lendemains et de véritables conquêtes. Au total, il est certain qu'au moins toute la Mésopotamie, y compris sa partie haute, soit 1200 km du nord au sud, ainsi que les régions de la Transtigrine, sont désormais sous le contrôle direct de Naram-Sîn. Suite à ses victoires, Naram-Sîn effectue également un traité d'alliance avec le roi d'Awan, en Elam, qui lui disputait le contrôle de Suse et de la Susiane. Naram-Sîn effectue aussi des alliances matrimoniales à visée diplomatique conclues entre dynaste, tel le mariage qui est contracté entre Taram-Akkad, une de ses filles, et le souverain hurrite d'Urskeh, l'actuel Tell Mozan, en Haute Mésopotamie. A cette époque, d'autres entités puissantes, actuellement très mal connues car offrant peu d'informations, prospèrent à la périphérie de l'empire d'Akkad et Naram-Sîn doit composer avec elles Peut-être dans la dernière partie de son règne, Naram-Sîn doit aussi affronter une grande révolte générale contre lui. A l'origine, l'insurrection semble concerner les cités de Kish et d'Uruk. Derrière Iphur-Kishi, le roi de Kish, viennent se ranger les villes de Mésopotomie centrale, comme Sippar ou Kazallu. Pendant ce temps, Amar-girid, roi d'Uruk, rassemble derrière lui les cités sumériennes d'Ur, Lagash, Umma, Adab, Shuruppak, Isin et Nippur. C'est ainsi l'ensemble des villes de la partie méridionale de la Mésopotamie qui participe à ce soulèvement. Et viennent aussi s'adjoindre aux rebelles des centres bien plus éloignés, comme Simurrum, Mardaman ou Magan. La révolte est donc bien générale et concerne presque tout l'empire, bien que la plupart des régions de Haute Mésopotamie semble rester loyales. Contre toute attente, Naram-Sîn semble réussir, à l'issue de neuf batailles menées en une année, à se débarrasser d'abord des kishites puis des urukéens, et à parvient ainsi à vaincre la rébellion. Certainement après cet évènement, Naram-Sîn lance une grande série de réformes pour réorganiser son empire. Il s'élève notamment au niveau des dieux en se faisant diviniser de son vivant, afin de pouvoir proclamer une souveraineté sacrée sur l'ensemble des territoires qu'il contrôle. Il fait précéder son nom du signe déterminatif propre aux divinités et se fait présenter avec la tiare à cornes, distinctive des dieux. Le roi n'est plus seulement le premier parmi les hommes et sa légitimité lui vient directement du monde divin qu'il a rejoint et dont il est devenu le représentant direct dans le monde des mortels. Aucun souverain avant lui ne s'était autorisé une telle audace. Naram-Sîn ne se contente pas du titre de roi de Kish que s'était attribué ses prédécesseurs et prétend désormais à la domination universelle en prenant le titre nouveau de roi des quatre régions du monde. Avec Naram-Sîn, la royauté devient héroïque. Dès lors, la prééminence d'Akkad, capitale politique et religieuse dont la figure tutélaire est la déesse Ishtar, est affirmée partout. Ainsi, au niveau religieux, la primauté est désormais accordée à Ishtar. Ces changements idéologiques s'accompagnent de réformes administratives et économiques, par la mise en place de garnisons militaires aux points nodaux de l'empire pour un contrôle renforcé des voies de communication, et par la standardisation des procédures comptables écrites (LM).
Vers -2206, Naram-Sîn laisse le trône vacant. Par la suite, Shar-kalisharri, son fils, monte sur le trône (LM).
1900 à Actuel
Probablement au XXe et au XXIe siècle, des témoignages archéologiques de la présence de Naram-Sîn sont relevés jusque dans la région de Diyarbakir, en Turquie. Des preuves sont également trouvées pour affirmer le contrôle effectif de Naram-Sîn sur Ashur, Gassur, l'actuelle Nuzi, les régions de la vallée de la Diyala, du Djebel Hamrin, et jusque dans les hautes vallées du Zagros (LM).
Sources de l'article
LM : Bertrand Lafon, Aline Tenu, Francis Joannès, Philippe Clancier, Joël Cornette (dir.). La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2017.
Sources primitives
Stèle de Victoire de Naram-Sîn. Epoque paléo-akkadienne. Vers -2250.
Tablette du traité d'alliance entre Naram-Sîn et le roi d'Awan. Ecrit dans la langue du roi élamite. L'un des plus anciens textes d'accord diplomatique originaux, avec le pacte retrouvé à Ebla, qui soient parvenus jusqu'à aujourd'hui.