Geisalic (486 à 511)

GEISALIC


Chronologie

450 à 500
En 486, Alaric II, roi du Royaume Wisigoth, a un fils illégitime, Geisalic, qu'il reconnaît (RWO).

500 à 550
En 507, Paterne, espion ou envoyé officiel de Clovis à la cour de Toulouse, rapporte à Clovis que Alaric II poursuit des négociations militaires avec Théodoric le Grand. Clovis, peut-être inquiet de la jonction possible entre les Ostrogoths et les Wisigoths, décide de rompre la trêve de l'île Saint-Jean (ROW). Clovis est certainement aussi très intéressé à s'emparer de l'Aquitaine (EM), et il fait une alliance de raison avec les Burgondes (EM, LOM), qui ont des visées sur la basse vallée du Rhône (EM). Au cours de l'été (RWO), allié avec des Francs Ripuaires de Cologne (RWO, LOM), dirigés par Chlodéric, fils du roi Sigibert, Clovis met en route son armée vers le sud de la Gaule, accompagné de Thierry, son fils qu'il avait eu avec une concubine avant son mariage avec Clotilde (RWO). Pendant ce temps, les Burgondes s'avancent vers Arles (EM). De son côté, après avoir renforcé les garnisons de ses places fortes telles que Arles, Angoulême et Narbonne dont il confie la garde à son fils Geisalic, et après avoir peut-être fait transporter le Trésor des Wisigoths à Carcassonne, Alaric II masse la majeure partie de ses troupes dans le Poitou, accompagné de nombreux auvergnats, d'anciens gallo-romains ralliés dont le fils de Sidoine Apollinaire. Pendant ce temps, Théodigotha, l'épouse d'Alaric II, et sa famille sont confiés à des hommes de confiance à Toulouse, avec ordre de gagner la péninsule Ibérique et Barcelone en cas de défaite (RWO). Clovis passe la Loire dans la région de Tours (RWO, EM) et, finalement, l'armée d'Alaric II et l'armée de Clovis s'affrontent dans la plaine de Vouillé, près de Poitiers (RWO, LOM, EM). Clovis remporte la victoire tandis que Alaric II trouve la mort au cours de la bataille (RWO, LOM, EM). L'annonce de la mort d'Alaric II se répand alors à la cour de Toulouse, tandis que la ville est envahie par les rescapés et les blessés de la bataille de Vouillé. Théodigotha tente d'exercer une régence de fait et les Wisigoths espèrent l'arrivée des secours et des renforts promis par Théodoric le Grand. Théodigotha se réfugie à Barcelone avec Amalaric, son fils unique mais cet acte est considéré par les Wisigoths comme une fuite et un abandon (RWO). Geisalic est alors proclamé roi du Royaume Wisigoth (RWO, HC46). Pour sauver le royaume de Toulouse, Geisalic dégarnit toutes les villes et les places fortes de leurs garnisons à l'exception de Carcassonne et rassemble autour de lui et de la cité de Narbonne une importante armée. Toulouse, dépossédée de toutes défenses devient ainsi une ville ouverte (RWO).

En 508, au printemps, Clovis s'empare de Toulouse. A la même époque, Thierry, fils de Clovis, balaie les côtes de la Méditerranée jusqu'au Rhône et fait sa jonction avec Gondebaud, roi des Burgondes. Tous les deux entreprennent le siège de Narbonne, pendant que Clovis s'empare de Carcassonne. Geisalic comprend que tout est perdu et lance sans hésitation ses Wisigoths contre les coalisés sans attendre l'arrivée de l'armée de secours ostrogoth promise par Théodoric le Grand, puis, il s'enfuit à Barcelone d'où il envoie à Clovis des ambassadeurs pour signer un traité où il est stipulé qu'il abandonne au roi des Francs toute la Wisigothie gauloise pour se faire garantir la Wisigothie ibérique. Dans un premier temps, Geisalic effraie la reine Théodigotha et son fils Amalaric qui s'enfuient de la péninsule Ibérique et trouvent peut-être refuge dans la péninsule italienne. Théodigotha meurt dès son arrivée à Ravenne et Théodoric le Grand prend sous sa protection son petit-fils Amalaric, désormais orphelin, en attendant de le replacer sur le trône wisigothique (RWO).

En 509, au printemps, le duc Ibbas, qui dirige une armée composée d'Ostrogoths et de Gépides venus de la Pannonie sirmienne, et aux ordres de Théodoric le Grand, entre en Catalogne, décidé à chasser Geisalic. Acculé par l'armée du duc Ibbas, Geisalic prend la fuite avec quelques compagnons et passe en Afrique pour trouver refuge auprès de Trasamond, roi des Vandales, un hérétique arien comme lui, dont il cherche à obtenir un contingent armé pour se retourner contre Théodoric le Grand et recouvrer son trône. Mais Théodoric le Grand adresse à Trasamond une lettre comminatoire pour lui rappeler qu'il est son beau-père, sa fille Amalfride étant l'épouse de Trasamond, et lui dépêche des ambassadeurs. Trasamond obtempère et renvoie Geisalic qui revient dans la péninsule Ibérique par le nord-ouest et trouve dans les Suèves des alliés (RWO).

En 510, Geisalic s'installe en Aquitaine II (RWO).

En 511, Geisalic, avec une petite troupe de Wisigoths, passe les Pyrénées et marche sur Barcelone. Il se heurte au duc Ibbas à quelques lieues de la ville. L'armée de Geisalic est battue et Geisalic fuit. Il se retrouve finalement au bord de la Durance où il est capturé et mis à mort par les Ostrogoths de Théodoric le Grand, devenu le tuteur de Amalaric (RWO).
NB : La source HC46 indique que Geisalic est défait et assassiné en 510 et que Amalaric monte alors sur le trône (NDR).


Sources de l'article

RWO : Joël Schmidt. Le royaume wisigoth d'Occitanie. Collection Tempus. Editions Perrin, 1992, réédition 2008.
EM : Bruno Dumézil. L'empire mérovingien, Ve-VIIIe siècle. Passés composés, 2023.
LOM : Joël Chandelier, Joël Cornette (dir.). L'Occident médiéval, d'Alaric à Léonard. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2021.
RFE : Claire Sotinel, Catherine Virlouvet (dir.), Joël Cornette (dir.). Rome, la fin d'un empire, de Caracalla à Théodoric. Collection Mondes anciens. Editions Belin, 2019.
HC46. Eduardo Manzano, chercheur, Conseil supérieur de la recherche scientifique, Madrid. Le royaume déchiré des Wisigoths. Histoire & Civilisations 46, janvier 2019.
GEV : Céline Martin. La géographie du pouvoir dans l'Espagne visigothique. Presses universitaires du Septentrion, 2003. Version en ligne Academia.


Bibliographie

Georges Labouysse. Les Wisigoths, peuple nomade, peuple souverain, I-VIIIe siècle. Loubatières, 2006.
Pedro de Palol, Gisela Ripoli. Les Goths, Ostrogroths et Wisigoths en Occident. Seuil, 1990.