Raymond-Guillaume Salamace (1040 à 1083)

RAYMOND-GUILLAUME SALAMACE


Chronologie

1000 à 1050
Vers 1010, Guillaume-Fort (LV), nommé Guillen Azkar en basque (IKC), se marie (LV). De cette union, par la suite, naissent Raymond-Guillaume et Arnaud (LV).

Vers 1040, Guillaume-Fort décède. Son fils, Raymond-Guillaume, surnommé Lamaza ou Salamace, prend sa succession et devient vicomte de Soule et, en partie de Lavedan. Vers 1040 également, Raymond-Guillaume se marie. De cette union, par la suite, naissent Guillaume, qui deviendra Guillaume-Fort II, et Arnaud-Raymond de Soule. Par la suite, dans le cartulaire de Bigorre, Raymond-Guillaume est mentionné avec son cousin germain Raymond-Garcia, vicomte de Lavedan, parmi ceux qui doivent le service d'ost au comte de Bigorre, et les deux cousins, dans le cartulaire de Saint-Savin, sont mentionnés comme protecteurs et bienfaiteurs du monastère de Saint-Savin, sous l'abbé Bernard III, successeur d'Arnaud de Soule (LV).

1050 à 1100
En 1058, Centulle IV le Vieux, vicomte de Béarn et d'Oloron, meurt dans une embuscade tendue par les Souletins (IPP, CSO). En effet, les Souletins se sont révoltés contre Centulle IV le Vieux et le mettent à mort. Il est ainsi tué par un écuyer, au bout du pont d'Osserain (CSO).

En 1059, le grand évêché de Gascogne est dissolu et l'évêché d'Oloron est restauré. Etienne de Mauléon devient alors évêque d'Oloron. Dans les années qui suivent l'installation de cet évêque, il est possible que le caractère épiscopal d'Oloron prenne le pas sur son statut d'ancienne capitale de la vicomté d'Oloron, vicomté entrée sous le giron de la vicomte de Béarn sous Centulle IV le Vieux, et il est possible que les Souletins affirment leur domination sur la cité, au détriment de Centulle V, Etienne de Mauléon appartenant notamment à la famille vicomtale de Soule. Centulle V perd peut-être ainsi la domination sur la cité d'Oloron. Dans les années antérieures à 1079, Centulle V n'est jamais désigné dans les documents comme vicomte de Béarn et d'Oloron (CSO).

Entre 1059 et 1063, suite à l'assassinat de Centulle IV par des Souletins et sous la pression des Béarnais qui le tiennent pour responsable (CSO) et qui se préparent peut-être à envahir la Soule (LV), Raymond-Guillaume, vicomte de Soule, va trouver Etienne de Mauléon, évêque d'Oloron (CSO), peut-être parce qu'il est alors délogé de son Château de Mauléon (IKC). En effet, voyant qu'il ne pourrait résister longtemps aux forces béarnaises, il se résout peut-être à se retirer dans la partie du Lavedan qui lui appartient. Obligé de passer par le diocèse d'Oloron, pour opérer plus promptement sa retraite, il s'adresse à son cousin germain, l'évêque Etienne de Lavedan, aussi nommé Etienne de Mauléon, pour qu'il favorise son dessein.(LV). Etienne de Mauléon met alors pour condition que le vicomte, le clergé et les habitants de la Soule, qui ressortent au spirituel de l'évêché de Dax, se mettent dans la dépendance du diocèse d'Oloron (LV). Cette proposition rencontre une très vive opposition de la part des Souletins et de Bergon-Loup de Charritte (LV), qui est à assimiler au seigneur de Gentein, l'actuelle commune d'Ordiarp (CSO), et qui est le plus puissant baron du pays et parent de Raymond-Guillaume et du prélat (LV). Finalement, Etienne de Mauléon parvient à les convaincre en promettant la succession de son évêché à Arnaud-Raymond, fils du vicomte, et l'archidiaconé de Soule à Héraclius, fils de Bergon-Loup de Charritte (LV, CSO). Etienne de Mauléon offre au vicomte de Soule amitié, fidélité, droit de gîte et frais d'escorte, un vocabulaire qui est celui des relations féodales. Ainsi, Etienne de Mauléon se pose en seigneur, un seigneur apte à garantir à Raymond-Guillaume la possibilité de circuler entre ses vicomtés de Soule et de Lavedan, via le passage quasi-obligé d'Oloron (CSO). Au final, Etienne de Mauléon parvient à rattacher la Soule à l'évêché d'Oloron, accroissant sensiblement l'étendue, et donc les revenus, de ce diocèse (CSO). De plus, si Raymond-Guillaume a été délogé de Mauléon par les Béarnais, grâce une médiation que Etienne de Mauléon effectue entre le Béarn et la Soule, Mauléon est restitué à Raymond-Guillaume (IKC).

Vers 1060, Bernard II comte de Bigorre, charge le vicomte Raymond-Guillaume de juger un différend survenu entre Bernard III, abbé de Saint-Savin et un nommé Robert, fils de Guillaume-Aner, qui prétend percevoir les redevances des forêts et estibes de la vallée de Cauterets. Le vicomte ordonne un duel dont le chapion de l'abbé sort vainqueur, et Robert se désiste de ses prétentions (LV).

Vers 1075, Raymond-Guillaume se plaint que des hommes et femmes de la vallée d'Azun, ses vassaux, ont abandonné sa terre pour passer dans celle de Saint-Savin et que quelques terres de sa juridiction sont pareillement entrées dans les possessions du monastère. L'abbé Bernard III expose aussi des griefs contre le vicomte. Mais des amis communs s'interposent et Raymond-Guillaume renonce, pour lui et ses héritiers, à toutes ses revendications, moyennant une somme qui lui paie l'abbé (LV).

Entre 1079 et 1090 (CSO), ou vers 1080 (IPP), Centulle V octroie à la cité de Oloron une carta de poblacion (IPP, CSO), une charte de franchise, premier embryon des Fors de Béarn (IPP). Par ce biais, il souhaite favoriser l'installation de colons dans cette ville alors peu peuplée (IPP). Cependant, il est possible aussi que, par cette charte, Centulle V veut reprendre la main sur la cité d'Oloron, ayant peut-être perdu la domination de la cité en 1059. Dans cette carta de poblacion, Centulle se désigne comme Centulle, comte de Bigorre et vicomte de Béarn (CSO).

Après 1079, une conventio est conclue entre Centulle V et Raimond Guilhem, vicomte de Soule, ce qui met fin à la tension, voire l'affrontement, entre les Souletins et la vicomté de Béarn. Dans cette convention, Centulle V est désigné comme Centulle de Bigorre, vicomte de Béarn et d'Oloron (CSO). En effet, (vers 1078 selon LV), Raymond-Guillaume accompagné de ses fils et des chevaliers souletins, fait avec Centulle V, vicomte de Béarn et d'Oloron, comte de Bigorre, un traité par lequel ils arrêtent le mode de répression de certains méfaits réciproques des Souletins et des Béarnais, et Raymond-Guillaume, ses enfants, et les chevaliers de Soule jurent d'aider toujours le vicomte de Béarn et d'Oloron contre tous hommes qui ne voudraient lui faire raison et justice, pour ceux de Soule, à Navarrenx ou à Sainte-Marie d'Oloron, le roi de Pampelune et le comte de Gascogne exceptés (LV).

Vers 1083, Raymond-Guillaume est témoin d'un combat judiciaire qui a lieu entre le champion du monastère de Saint-Savin et celui des habitants de Sazos, Sassis, Grust et Viscos de la vallée de Barèges. Raymond-Guillaume décède peu de temps après et son fils, Guillaume-Fort II lui succède (LV).


Sources de l'article

LV : Jean de Jaurgain. La Vasconnie, étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava et de Biscaye, de la Vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne. Première partie, Pau, 1898. Deuxième partie, Pau, 1902.
CSO : Anne Berdoy. Le vicomte Centulle V (1058-1090) et la sauveté d'Oloron. Annales du Midi, Tome 128 n°296, 2016. Version en ligne Persée.
IKC : Joël Larroque. Le château fort de Mauléon au Moyen Âge. Association Ikerzaleak, 2012. PDF en ligne.
IPP : Pierre Tucoo-Chala. Quand l'Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois. Collection Terres et Hommes du Sud, J&D Editions, 1994.